Le 10 avril 2006 disparaissait Jean Grosjean, figure inclassable des lettres françaises, poète, traducteur, prosateur, exégète, critique, préfacier ; arpenteur de la littérature pendant les soixante années de sa production littéraire, de Terre du Temps en 1946 à La Rumeur des cortèges en 2006, et de sa collaboration avec les éditions Gallimard, comme lecteur, traducteur, encyclopédiste, contributeur de la NRF, membre du comité de lecture, directeur de collection, épistolier...
Son rôle dans la littérature du XXe siècle est aussi important qu'il est discret. Nombre d'auteurs d'aujourd'hui se sont abrités à son ombre tutélaire et se sont nourris de ses œuvres comme de ses avis et ses conseils que fondait son extraordinaire acuité de lecteur. Son lectorat lui aura été d'autant plus fidèle que son œuvre n'est pas sujette aux effets de la mode ou de la publicité littéraire, et se transmet davantage par l'entremise de passeurs.
C'est ce travail de passeur que se proposent de confier à l'association ses membres fondateurs. André Malraux, qui avait fait de lui son exécuteur testamentaire, avait été son tout premier lecteur, et avait permis que soit publié son premier recueil, en 1946, en le proposant à Gaston et Claude Gallimard.
Michel Léturmy, son camarade, a, lui aussi, été un infatigable héraut de la geste grosjohannique, et l'a accompagné fidèlement dans son aventure littéraire. Roland Bouhéret, écrivain et professeur d'histoire de l'art à l'École des Beaux-arts de Besançon, a fait rayonner, sur les terres de l'enfance de Jean Grosjean, une œuvre qui enfonçait là une racine particulière. Et bien d'autres encore, dont se réclament les membres fondateurs de l'association, pour l'esprit de passeur qui a été le leur.
C'est dans cet esprit, stimulés par les rencontres et événements qui ont commémoré le centenaire de la naissance de Jean Grosjean en décembre 2012, mais aussi l'inauguration, en 2010, de la Médiathèque de Baume-les-Dames qui porte son nom, qu'a été décidé de créer cette association.