Naît à Paris, en 12, un vingt-et-un décembre. Par l’arbre paternel, vous le voyez descendre De vignerons, mineurs (tous en Franche-Comté). La branche maternelle indique le côté Du nord et du nord-est : productives boutures. Père ingénieur des Arts et des Manufactures. Sa mère, pensons-y, meurt quand il a trois ans. À dix, écrit déjà (modèle : Maupassant). À treize, avec brio, certificat d’études. École de commerce, industrie. Aptitudes Très souples, car à quinze il est agriculteur En Guyenne et soudain, au Perreux, ajusteur. À dix-sept, le voici de retour à l’école : Les brevets (le petit et le grand) dégringolent. Puis : latin, grec, la Bible, et Claudel qui répond Longuement à sa lettre. On devine qu’un pont Spirituel alors devant lui s’édifie Qui, par le tablier de la philosophie, Le conduit à vingt ans sur les bords doctrinaux Que garde un séminaire (Issy-les-Moulineaux). En trente-six, Irak, Syrie et Palestine, L’Égypte. Apprend l’arabe. Enseigne, ou bien trottine Dans l’ombre d’un évêque et d’un juge. Aérien, Ne rencontre personne et ne visite rien. Trois fois mobilisé, reboucle sa valise, Revient par Rome. On le re-re-remobilise. On l’ordonne. La guerre. Et, prisonnier à Sens, S’y lie avec Malraux. Là, contre tout bon sens, Se laisse transporter vers la Poméranie, Le Brandebourg. Le sort cependant s’ingénie En sa faveur, et pour compagnons de trimard, Lui procure Judrin et Claude Gallimard. Relâché vers l’époque où Stalingrad altère L’optimisme teuton, enfin, son ministère, Il l’exerce. Peut-être avec embarras. D’où, Bientôt six mois de solitude dans le Doubs. Rompant ensuite avec sa fibre prédicante, Jean Grosjean se marie en mil-neuf cent cinquante. C’est après qu’il acquiert cette ferme d’Avant, Dans l’Aube, où méditant, marchant et cultivant, Sans que son œuvre même en subisse une éclipse (Voir Hypostases, Fils de l’Homme, Apocalypse, Le Livre du juste, Austrasie et cœtera), Pour une large part il se consacrera À la traduction : Sophocle, Amos, Eschyle, Jérémie, Ezéchiel, Habacuc, l’Évangile Selon Saint-Jean, et la Genèse, et le Coran, Veillant à n’ajouter aucun édulcorant Aux textes. Récemment encore, enthousiaste, À bras le corps il a saisi l’Écclésiaste. N’allons pas oublier son parcours N.R.F. : Trente ans près de Paulhan, Arland et Lambrichs – bref, Discrète, une existence en somme bien remplie. (Mais j’arrête : je vois un œil qui m’en supplie. Revenons au présent qui va nous rajeunir Et nous guider au seuil d’un nouvel avenir). Jacques Réda | | Exposition réalisée par Jacques Grosjean pour le centenaire de la naissance de Jean Grosjean.Exposition présentée en 2012 à la Médiathèque Jean-Grosjean de Baume-les-Dames, à Avant-lès-Marcilly et à Paris aux Bernardins.
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